Dans le jardin, ce sont 102 statues qui peuplent les chemins et les allées : une collection impressionnante qui fait du Luxembourg un véritable musée en plein air.
Comme on peut s'y attendre compte tenu du nombre de maisons d'édition et de facultés dans la région, les écrivains figurent en bonne place parmi les statues qui veillent sur les visiteurs et leurs lectures.
Il y a Verlaine, posé sévèrement au sommet d'une colonne, surplombant un parterre d'œillets et de tulipes ; Baudelaire à l'ombre d'un châtaignier ; et non loin de lui, José-Maria de Heredia et la comtesse de Ségur, veillant impassiblement sur les allées sinueuses du jardin anglais. Un peu plus loin, on croise l'ancien bibliothécaire du Sénat, Leconte de Lisle, George Sand, Stendhal, Flaubert, Sainte-Beuve et Zweig.
Il est évident qu'aucune de ces statues n'ornait le jardin de Marie de Médicis, car toutes ces célébrités littéraires sont nées bien après sa mort. La plupart des statues du jardin datent du XIXe siècle, représentant les artistes de l'époque et symbolisant le lien entre l'art et le Luxembourg.
Aux côtés des écrivains, on trouve les peintres Delacroix, Ingres, David, Millet et les musiciens Beethoven, Chopin et Massenet.

Réparties sur les terrasses est et ouest, les vingt statues qui composent le groupe des Reines de France et Femmes Illustres ont été commandées dans les années 1840, à la suite d'une plainte du Duc Decazes, Grand Référendaire de la Chambre des Pairs, concernant l'inconvenance des statues de nus qui ornaient le jardin.
La plupart de ces femmes remarquables sont issues de l'aristocratie régnante, à l'exception de Clémence Isaure qui, à la fin du XVe siècle, a relancé un concours de poésie, fondé à Toulouse, connu sous le nom de Jeux Floraux, et de Laure de Noves, muse de Francesco Petrarca.
Exécutées par différents sculpteurs dans la seconde moitié du XIXe siècle, les statues sont essentiellement de style académique, mais le choix d'un groupe entièrement féminin était assez audacieux pour l'époque.

D'autres œuvres, plus récentes, ont une signification politique ou commémorative.
C'est le cas du mémorial aux étudiants résistants de Gaston Watkin (1916-2011) dont le piédestal porte ce vers du Chant des partisans : "Ami, si tu tombes, un ami sortira de l'ombre pour prendre ta place".
Le Cri, l'Écrit de Fabrice Hyber (né en 1961), inauguré en 2007, est le lieu où les présidents de la République, actuels et anciens, se réunissent depuis, à l'invitation du président du Sénat, à l'occasion de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition.
Parmi les personnalités politiques évoquées dans les jardins, on peut citer Pierre Mendès France, dont la statue veille depuis 1984 sur une pelouse du jardin anglais.
Surplombant le Grand Bassin, Auguste Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat au moment de l'éclatement du scandale Dreyfus, et l'un des premiers à déclarer son soutien au capitaine injustement accusé, est moins connu. Autant d'œuvres qui rappellent que le jardin n'est pas qu'un havre de paix.
