Tout autant que le Palais, le Jardin du Luxembourg est un jardin historique.
Certains de ses arbres datent du début du 19ème siècle (platanes de la fontaine Médicis et de l'allée Delacroix), d'autres ont peut-être connu Marie de Médicis au 17ème siècle (orangers en caisse), d'autres enfin témoignent dans le verger de la tradition horticole du lieu qui remonte au 13ème siècle (variétés fruitières des moines Chartreux).
Le Sénat apporte un soin jaloux à sauvegarder et entretenir ce patrimoine végétal tout en maintenant, par des renouvellements réguliers, la pérennité de l'image du jardin.

Hêtre pourpre - Fagus sylvatica purpurea
Le hêtre pourpre (Fagus sylvatica ‘Atropurpurea’), appartenant à la famille des Fagacées, est un arbre majestueux originaire d’Europe. Un spécimen remarquable, probablement âgé de 140 ans, se trouve dans le jardin entre l’entrée Odéon et l’entrée Médicis.
Son nom scientifique découle du grec phègos, qui désigne un chêne vert à glands comestibles, et du latin sylvatica, signifiant "forestier". La variété ‘Atropurpurea’, reconnue pour son feuillage pourpre intense, est l’une des nombreuses formes ornementales de hêtre.
Elle est généralement greffée sur l’espèce type Fagus sylvatica, ce qui peut être constaté par la présence d’un bourrelet de greffe à mi-hauteur du tronc. Cette mutation aurait été observée pour la première fois en Suisse en 1680, puis en Allemagne en 1772, dans des peuplements naturels.
Comparé au cultivar ‘Purpurea’, plus courant car multiplié par semis, ‘Atropurpurea’ se distingue par une teinte plus foncée et uniforme, ce qui renforce son attrait esthétique. Cet arbre illustre à la fois l’histoire botanique et la beauté singulière des hêtres ornementaux.


Platane à feuilles d'érable - Platanus × acerifolia
Le platane à feuilles d’érable (Platanus x acerifolia), plante hybride d’origine inconnue, est un arbre emblématique des villes et jardins, apprécié pour sa robustesse et sa capacité à résister à la pollution atmosphérique et aux tailles sévères.
Son nom scientifique reflète ses caractéristiques : Platanus provient du grecplatys, signifiant large, en référence à la forme de ses feuilles, et acerifolia du latin, qui signifie "à feuille d’érable".
Inconnu à l’état sauvage, cet arbre serait un hybride entre le Platanus occidentalis d’Amérique du Nord et le Platanus orientalis des Balkans, ou une ancienne forme cultivée de ce dernier.
Les platanes les plus âgés du jardin du Luxembourg, situés près de la fontaine Médicis, ont été plantés vers 1810 et bordaient autrefois une allée menant à l’édifice. Lors du déplacement de la fontaine en 1862 pour créer la rue de Médicis, seuls les arbres situés devant la fontaine furent conservés, dont un spécimen encore visible aujourd’hui.
Ses fruits, caractéristiques du genre Platanus, sont des akènes velus regroupés en une boule compacte qui persiste jusqu’au printemps, ajoutant à l’esthétique et à l’unicité de cet arbre remarquable.



Arbre aux 40 écus - Ginkgo biloba
Le ginkgo (Ginkgo biloba), également connu sous le nom d’"arbre aux quarante écus", est un conifère à feuillage caduc originaire de Chine. Introduit en France en 1727, il est souvent surnommé "fossile vivant" en raison de son ancienneté remontant à l’ère secondaire.
Son nom scientifique reflète ses particularités : ginkgo dérive d’un terme asiatique signifiant "abricot d’argent", et biloba fait référence à la forme des feuilles, souvent divisées en deux lobes.
Les inflorescences mâles et femelles apparaissent au printemps sur des arbres distincts. Sur le pied femelle, les fleurs naissent à l’aisselle des rameaux courts et produisent à l’automne des fruits jaunâtres ressemblant à des mirabelles. Bien que leur aspect soit attrayant, ces fruits dégagent à maturité une odeur fortement désagréable.
En revanche, le feuillage du ginkgo est l’un de ses attraits majeurs : en automne, il se pare d’une magnifique teinte dorée, offrant un spectacle saisissant.
Le pied mâle, lui, ne produit pas de fruits et est souvent préféré pour les plantations urbaines en raison de l’absence d’odeurs.



Chêne pédonculé - Quercus robur
Le chêne pédonculé (Quercus robur L.), originaire d’Europe, est une espèce commune largement répandue dans les forêts du continent, à l’exception des régions les plus septentrionales.
Son nom scientifique, Quercus robur, fait référence au terme latin désignant le chêne (quercus) et à la solidité évoquée par robur.
Cet arbre majestueux peut atteindre une hauteur de 25 à 35 mètres et vivre entre 500 et 1000 ans, ce qui en fait un symbole de longévité et de force.
Très apprécié pour son bois d’œuvre d’excellente qualité, il est particulièrement recherché par les ébénistes pour ses nombreuses utilisations.
Parmi les rares spécimens présents au jardin du Luxembourg, le chêne pédonculé témoigne de l’importance historique et écologique de cette espèce emblématique.



Séquoia géant - Sequoiadendron giganteum
Le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum), originaire de Californie, est une espèce emblématique des forêts de la Sierra Nevada.
Découvert en 1833 et introduit en Europe en 1860, cet arbre majestueux peut atteindre une hauteur impressionnante de 100 mètres dans son habitat naturel, ce qui en fait l’un des plus grands géants du règne végétal.
En France, les spécimens introduits depuis le XIXᵉ siècle dépassent aujourd’hui 40 mètres.
Doté d’une longévité exceptionnelle de plus de 2000 ans, cet arbre remarquable se distingue par son écorce brun rougeâtre, épaisse, fibreuse et souple, qui lui confère une résistance remarquable aux incendies et aux grands froids.
Son nom scientifique reflète son histoire : sequoia fait référence au chef amérindien qui créa l’alphabet cherokee, dendron signifie "arbre" en grec, et giganteum évoque sa taille gigantesque.


Marronnier d'Inde - Aesculus hippocastanum
Le marronnier d’Inde (Æsculus hippocastanum L.), originaire des Balkans, est un arbre emblématique de la famille des Hippocastanacées.
Son nom scientifique provient du latin : Æsculus, désignant un chêne vert à glands comestibles consacré à Jupiter, et hippocastanum, signifiant "châtaigne de cheval".
Introduit à Paris en 1615 en provenance d’Asie, il ne fut planté dans le jardin du Luxembourg qu’à partir de la deuxième moitié du XVIIᵉ siècle.
Grâce à sa croissance rapide, il remplaça peu à peu les ormes que Marie de Médicis avait fait planter lors de la création du jardin.
Cependant, en milieu urbain, le marronnier d’Inde souffre particulièrement de la sécheresse et de l’aridité atmosphérique, qui provoquent un jaunissement prématuré de son feuillage dès les mois de juillet ou août.


Mûrier blanc - Morus alba
Le mûrier blanc (Morus alba), originaire de Chine, est un arbre dont l’histoire remonte à plus de 5000 ans.
Utilisé principalement pour son feuillage, il servait de nourriture aux chenilles des vers à soie (Bombyx mori).
Son nom scientifique provient du grec morea, signifiant mûrier, et du latin alba, qui signifie blanc.
Introduit en Provence en 1494, cet arbre était déjà cultivé en Mésopotamie et en Égypte ancienne pour ses feuilles, tandis qu’en Chine, il jouait un rôle central dans la production de soie.
En août et septembre, le mûrier blanc produit des fruits comestibles, en forme de mûres, dont la couleur varie du blanc au rose violacé.
Bien qu’ils soient fades comparés aux fruits du mûrier noir (Morus nigra), ils restent consommables.
Aujourd’hui, le mûrier blanc est principalement apprécié comme arbre d’ornement, offrant un ombrage agréable.

